vendredi 19 avril 2019

Natalité en France: l'impact décisif de l'immigration (Express, 18.07.2018)

De 1960 à 2011, l'immigration a augmenté la population vivant en métropole de quelque 9,7 millions de personnes.
Par Michel Feltin-Palas,
publié le 18/07/2018 à 07:30 , mis à jour à 15:06

De 1960 à 2011, l'immigration a augmenté la population vivant en métropole de quelque 9,7 millions de personnes.De 1960 à 2011, l'immigration a augmenté la population vivant en métropole de quelque 9,7 millions de personnes. Gamma-Rapho via Getty Images


Entre 2000 et 2016, la part des enfants ayant au moins un parent étranger est passée de 15 à 24 %.


En France, s'interroger sereinement sur les effets de l'immigration reste une entreprise périlleuse. Entre notre passé colonial, les traumatismes de la Seconde Guerre mondiale, la crainte de faire le jeu de l'extrême droite, tout se conjugue pour rendre la question taboue. En matière démographique, pourtant, la vérité est simple à énoncer : l'immigration joue un rôle majeur. 























































Tous les indicateurs convergent. Citons-en trois. De 1960 à 2011, l'immigration a augmenté la population vivant en métropole de quelque 9,7 millions de personnes (soit 15,4 % du total). Le nombre de naissances s'en est trouvé accru de... 27 %. Et, sans elle, l'indice conjoncturel de fécondité n'aurait pas été de 2 enfants par femme, mais de 1,86.  

Tous ces chiffres ont été calculés par Michèle Tribalat, une démographe dont le sérieux des travaux n'est pas contesté, à la différence des conclusions qu'elle en tire parfois qui alimentent le débat.  

"Selon mes calculs, la moitié de notre croissance démographique depuis cinquante ans est due à la baisse de la mortalité ; mais l'autre moitié, en effet, est représentée par l'immigration", confirme ainsi Hervé Le Bras, l'un des collègues avec lequel elle bataille souvent sur la scène intellectuelle. Et de souligner la hausse spectaculaire des naissances d'enfants ayant au moins un parent étranger, qui sont passées de 15 % du total (en 2000) à 24 % (en 2016). Un bouleversement plus sensible encore si l'on remonte à la génération antérieure. "En 2014, reprend-il, 40 % des nouveau-nés avaient au moins un grand-parent immigré."  

Mais ce phénomène est minoré par le jeu des naturalisations. "Dans les unions dites "mixtes", plus de 60 % des conjoints français sont d'origine étrangère", précise Michèle Tribalat. 

La question est ailleurs

Certains relativisent cette donnée, en rappelant que la France est traditionnellement un pays d'immigration. Ils ont à la fois raison et tort. Raison dans la mesure où notre pays accueille des étrangers de manière significative depuis environ cent cinquante ans. Tort, car ce mouvement a marqué une rupture majeure par rapport... aux quinze siècles qui l'ont précédé. Entre la chute de l'Empire romain et le milieu du XIXe siècle, le socle de la population française est, en fait, resté étonnamment stable. 

Si le constat peut être nuancé, c'est pour une tout autre cause. "En moins d'une génération, le taux de fécondité des femmes d'origine étrangère rejoint celui des Françaises. Il baisse chez les femmes d'origines africaine et asiatique, il augmente chez celles qui sont d'origine européenne", souligne le démographe Laurent Toulemon.  

C'est ainsi que les Maliennes de France ont moins d'enfants que celles du Mali, mais que les Portugaises de France en ont davantage que celles du Portugal ! Ce qui tend à montrer que les individus adoptent rapidement les moeurs familiales de leur pays d'accueil ou, comme le dit un proverbe sénégalais : "Quand tu arrives dans un village où tout le monde marche sur une jambe, tu finis par marcher sur une jambe."  

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La natalité en France

Nier l'impact de l'immigration sur la population française n'a donc aucun sens, tant les chiffres sont massifs. La vraie question est ailleurs : à partir de quand n'est-on plus considéré comme un Français d'origine étrangère, mais comme un Français tout court ?  

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