Cet entretien a été donné le jeudi 14 mars par Renaud Camus à “Boulevard Voltaire”, qui ne l’a pas publié le vendredi 15, ni le lendemain.
— Renaud Camus, Yann Moix vient d’être condamné en appel pour vous avoir qualifié d’antisémite au cours de l’émission “On n’est pas couché”. Pouvez-vous nous en expliquer le contexte et pourquoi ne pas laisser passer cela vous tenait à cœur ?
Lire la suite : http://www.adoxa.info/renaud-camus-il-faut-sortir-lere-coloniale-de-lhistoire-de-lhumanite
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— Cette légende urbaine de mon prétendu “antisémitisme” traîne partout dans les rédactions et parmi les gens qui ne m’ont pas lu depuis vingt ans. Bien entendu, elle n’a jamais eu la moindre prise sur les personnes qui m’ont lu, qui connaissent l’ensemble ou une partie notable de mes livres, et qui estiment que c’est précisément parce que je suis radicalement insoupçonnable d’antisémitisme — des centaines de pages en attestent — que j’ai cru pouvoir me permettre, à tort, l’expérience l’a montré, de critiquer doucement, en 1994, dans un volume de journal publié seulement en 2000, une émission de France Culture officiellement généraliste, comme l’indiquait son nom, “le Panorama”, et qui devenait insensiblement quasi communautaire : ce qui n’était pas bien méchant, certes, ce qui était souvent très intéressant, même, mais qui devait pouvoir être relevé. Le problème est que le rapport numérique entre les gens qui m’ont lu et les gens qui ne m’ont pas lu, ou qui n’ont lu de moi que les deux ou trois paragraphes incriminés, souvent tronqués, est à peu près de un à cent, ou de un à mille, voire de un à cent mille. Forcément, le combat est un peu déséquilibré. Mais néanmoins, par la seule force tranquille de l’évidence, la légende urbaine reculait un peu, avec le temps, s’apaisait, perdait de son emprise. Et voilà que ce M. Moix, avec une légèreté incroyable, lui redonnait vie devant deux millions de téléspectateurs, la relançait, la faisait repartir pour vingt ans. Je ne pouvais pas laisser passer cela.
— Au cours de la même émission, Yann Moix a également dit que vous étiez raciste, mais vous ne l’avez pas poursuivi pour ce motif. Pourquoi ce choix ?
— Pour deux ordres de raisons, inégalement importants.
Le premier, purement contingent, c’est que j’ai effectivement été condamné pour “islamophobie” et “incitation à la haine raciale”. Personnellement, bien sûr je trouve cette condamnation très injuste. Sous la précédente Occupation, les résistants pouvaient fort bien n’être nullement germanophobes, adorer Schumann et Hölderlin, et souhaiter seulement que les nazis soient vaincus et que les Allemands rentrent chez eux. Moi je ne me vois pas du tout comme islamophobe : j’admire infiniment Hafiz, Sinian, le ney et la musique soufi ; j’ai même organisé des festivals de musique arabo-andalouse. Je n’en souhaite pas pour autant que ma propre culture s’efface devant l’islam, et que mon propre pays, mon propre continent, deviennent musulmans. Cela n’a rien à voir avec de la haine. Mais les haineux parlent toujours de la haine des autres, c’est à cela qu’on les reconnaît. Et les actuels collaborateurs et promoteurs de la Seconde Occupation ont décidé d’appeler haine, pour les interdire, toute résistance à l’invasion, toute objection au génocide par substitution. Il est vrai que l’amour de son pays et l’attachement à sa civilisation leur sont tellement étrangers que pour eux ce n’est que de la haine. Il reste que j’ai bel et bien été condamné, et que ce M. Moix et ses avocats auraient eu beau jeu de prétendre que, quant à “raciste”, il n’y avait aucune diffamation.
L’autre ordre de raisons, beaucoup plus important à mes yeux, est un peu “théorique”, si vous permettez. Ce sont des choses dont je m’explique dans mon petit livre récent, Le Mot “race”. Je crois avoir observé que depuis trente ou quarante ans le terme antiracisme a totalement changé de sens. Il désignait à l’origine la très légitime volonté de protéger certaines races, plus menacées que les autres : les juifs, les tziganes, les noirs, etc. Il désigne aujourd’hui la triple conviction, un peu contradictoire, premièrement, que les races n’existent pas, deuxièmement, qu’elles sont parfaitement égales et, troisièmement, que toutes ont vocation à se fondre en une seule, par le truchement du métissage, du multiculturalisme et du remplacisme global (les blancs devenant alors, implicitement et de plus en plus souvent explicitement, les plus menacés).
Face à ce renversement du mot antiracisme je soutiens, sans grand succès jusqu’à présent, je dois le reconnaître, que racisme devrait totalement changer de sens, lui aussi ; et désigner, comme le suggère d’ailleurs, ou en tout cas comme le permet parfaitement son origine, sa formation (race-isme), la croyance en l’existence des races (au sens traditionnel de ce mot-là, littéraire, pré-raciste, culturel, civilisationnel, et où les considérations biologiques entrent pour peu de choses…) et le désir que toutes sans exception persévèrent et perdurent dans l’être, dans la bonne entente et la prospérité. En ce sens-là, ce sens renversé, que je recommande mais qui malheureusement n’a pas pris jusqu’à présent, je suis absolument raciste (je vois déjà les tweets et les titres : « Renaud Camus : “Je suis absolument raciste” » !!!!!!! — j’espère que vous n’allez pas me faire ce coup-là !). Et voilà pourquoi je ne pouvais pas me défendre de l’être.
— Ce verdict est-il une grande satisfaction pour vous ?
— Oui, bien sûr, et d’autant plus qu’il tombe à merveille, au moment où Karim Ouchikh et moi publions, à l’occasion des élections européennes, notre Lettre aux Européens ; et où nous essayons, contre vents et marées, au milieu de mille difficultés d’abord financières, bien sûr (elle est belle, leur “démocratie” à un million d’euros !), de présenter notre propre liste, antiremplaciste et remigrationniste, “La Ligne claire” : la seule qui soit ouvertement et clairement pour un retour de l’Europe dans l’histoire, pour une Europe-puissance, pour une Europe anti-bruxelloise (nous suggérons le déplacement de la capitale à Vienne — Bruxelles, c’est le Vichy de l’Europe).
L’Europe, selon nous, il ne faut pas la quitter, il faut s’en emparer pour en chasser les traîtres qui l’ont livrée : et pour la première fois à l’occasion de ces élections, ce ne semble plus un objectif impossible.
L’Europe, selon nous, il ne faut pas en sortir, il faut en sortir l’Afrique, qui la colonise cent fois plus qu’elle ne l’a elle-même colonisée : car les colonisations militaires, administratives, économiques, impériales et même impérialistes ne sont rien auprès des colonisations démographiques, qui changent l’âme, le corps, la mémoire, l’identité des peuples, et la nature des civilisations.
Le premier remplacement, c’est le remplacement des mots : les indigènes c’est nous : et les décoloniaux, par la force des choses, aujourd’hui, ce sont nous aussi. C’est nous qui sommes colonisés, et c’est nous qui nous insurgeons, ou qui devrions le faire. Il faut sortir une bonne fois de l’ère coloniale de l’histoire de l’humanité. Et la seule forme moderne de la décolonisation — les Algériens nous l’ont bien montré en 1962, avec une brutalité que nous ne souhaitons pas imiter —, c’est le retour chez lui du colonisateur : la remigration.
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