CHRONIQUE – Jean-Marie Bouissou nous offre une analyse très fine du Japon, le seul grand pays qui résiste à l’idéologie libérale-libertaire dominante de la mondialisation.
À le lire, on songe à la France des années 1960, sa télévision publique sous surveillance du gouvernement, sans clashs mais avec d’innombrables séries historiques ; sa délinquance très faible (moins d’un million de crimes et délits par an, contre 4 millions en France, pour une population deux fois plus nombreuse !) qu’on ne peut pas ne pas mettre en lien avec une immigration encore faible et sans regroupement familial ; des rites de passage non contestés, une société formellement patriarcale, mais où les femmes dominent sans partage leur espace privé, une école de bon niveau où la discipline collective (travail, uniforme) n’a pas été submergée par la pseudo « créativité » individuelle des enfants.
Sans doute parce que justement le capitalisme est surveillé par l’État et que l’individu doit se soumettre à la société. Bouissou nous aide à comprendre le pourquoi de cette résistance. Le Japon n’a pas toléré la greffe chrétienne. Il a conservé une religiosité sans Dieu ni morale, faite de rites et de pauvre spiritualité. Pas de Dieu-homme et donc pas d’homme-Dieu, mais une sorte de société Dieu. Pas de vertus évangéliques (ce qui explique la rudesse parfois insupportable qui règne) mais pas non plus de « vertus chrétiennes devenues folles ».
Le Japonais n’aime pas l’Autre jusqu’à se détester soi-même. En 2017, il a accepté vingt réfugiés ! Et le premier ministre osait déclarer en 2008 que le Japon est « une seule nation, une seule race, une seule civilisation, une seule langue et une seule culture ».
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