Après une carrière et des poches richement remplies, l’heure de la retraite a-t-elle sonné pour ce mystérieux et infatigable mondialiste ? Peter Sutherland fait partie de cette élite œuvrant dans l’ombre, dont le CV se révélera être le cauchemar de tous ceux qui ont compris ce que cache cette globalisation, que l’on nous impose. Mais qui est Peter Sutherland ? Cet homme à l’influence tentaculaire, tant dans les domaines politiques, bancaires, entrepreneuriaux, universitaires et sociaux, se déploie autant dans le secteur public que dans le privé et n’est certainement pas un pion anonyme sur l’échiquier du pouvoir mondial.
Carrière sans frontières
Le jeune Peter Sutherland commença ses études au collège Gonzaga (fondé par les Jésuites, grands maîtres de l’Opus Dei) puis au collège universitaire, avant de parachever sa formation en droit civil à l’Honorable Society of the king’s Inns, à Dublin.
À tout juste 23 printemps et à peine ses études achevées, il fut admis au barreau irlandais, anglais et de New York ; Barreaux dans lesquels il exercera de 1969 à 1981. Il a également été admis à exercer devant la Cour suprême des États-Unis d’Amérique… Au cours de l’année 1973, il s’essaya à la politique en se présentant en tant que candidat du Fine Gael (parti progressiste-libéral) à Dublin dans la circonscription du Nord-Ouest. Non élu, il n’a récolté que 6,26% des voix et ne s’est plus jamais essayé à cet exercice, préférant de loin les méandres discrets des groupes de pressions et des institutions supranationales. De 1981 jusqu’en 1984, il occupa les postes de procureur général de la République d’Irlande, et devint par la même occasion, ministre de la Justice et membre du conseil d’État.
À 38 ans, à l’issue de l’année 1984, il est nommé commissaire des communautés européennes par son gouvernement national. Il demeura à Bruxelles pendant les quatre années suivantes, où il cumula en plus de cette nouvelle fonction, les postes de : commissaire responsable de la politique de concurrence, ainsi que celui de responsable au sein de la commission des dossiers et des affaires sociales, de l’éducation et des relations avec le Parlement européen.
À 43 ans, Peter Sutherland cumulait déjà les casquettes d’avocat, d’homme politique irlandais et de technocrate bruxellois. N’arrêtant pas sa progression en si bon chemin, il poursuivit son cumul de responsabilités en s’attachant l’étiquette d’actionnaire et de président d’entreprises devenant de fait un homme d’une grande influence : entre 1989 et 1993, Sutherland présida l’Allied Irish Banks SA. La même année, il est nommé Chevalier de la Légion d’honneur après avoir glané nombre de récompenses : en 1988, il a été le premier Commissaire à recevoir la Médaille d’or du Parlement européen. Parmi ses autres récompenses figurent le Premier prix européen de droit (Paris, 1988), la Grand-Croix du mérite civil (Espagne, 1989), la Grand-Croix du Roi Léopold II (Belgique, 1989), la Médaille Commémorative de Nouvelle-Zélande (1990) et de Commandeur du Wissam (Maroc, 1994)[1].
Il devint directeur du GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce ) en 1995, puis de la jeune OMC la même année ; les accords du GATT furent signés le 30 octobre 1947 par 23 pays, au prétexte spécieux de libre-échange, censés faire baisser les prix pour les consommateurs occidentaux, mieux utiliser les facteurs de production et favoriser l’emploi dans les secteurs où chaque pays détient un avantage comparatif. Remplacez le mot pays par multinationales et vous comprendrez pourquoi des enfants fabriquent vos chaussures dans des caves au Pakistan pendant que vos usines ferment.
En 1997, il accéda à la présidence de British Petroleum (BP), poste qu’il a conservé jusqu’en 2009. Côté entreprise, l’Irlandais d’origine, fut actionnaire de plusieurs firmes parmi lesquelles Ivestor AB (jusqu’en avril 2005), d’Alibaba.com, en 2000, d’Ericsson (dont il fut directeur, en 1996) jusqu’en 2004.
Un Homme au centre des réseaux de pouvoir mondialiste
Peter Sutherland fut aussi président de la section Europe de la Commission Trilatérale (créée par Zbigniew Brzezinski et financée par Rockefeller) entre 2001 et 2010 (succédé par Jean-Claude Trichet) et a fait parti du comité directeur du groupe Bilderberg dont il reste un membre régulier ; ce groupe de pression euro atlantiste réunissant hommes d’affaires, hommes politiques, journalistes, banquiers et patrons de multinationales, a été créé par S.A.R. le prince Bernhard des Pays-Bas qui, par le plus grand des hasards, était le gendre de la Reine Wilhelmine, cofondatrice de l’ancêtre de BP avec la famille royale d’Angleterre. Cerise sur le gâteau, ce groupe a été dirigé pendant 36 ans par Sir Henry Deterding (Hollandais anobli par la Reine d’Angleterre), durant lesquels il finança l’accession d’Hitler au pouvoir, dont il était un grand admirateur et dans le but secret de récupérer les pétroles du Caucase.
Aujourd’hui, il est représentant honoraire pour l’Union Européenne (UE) du Transatlantic Policy Network, organe ayant pour objet d’harmoniser les réglementations et les normes entre l’UE et les États-Unis en vue de la ratification du traité Transatlantique prévu pour l’horizon 2017. Il fait parti des très sélectes et de la très secrète « Pilgrim’s Society », maison-mère de toutes les sociétés et think tanks citées auparavant (voir l’article « Le grand secret : l’économie dogmatique moderne, est en fait une escroquerie ! », lettre AIL n°1[2]). Il n’est pas anodin que l’on retrouve aisément son affiliation aux Bilderbergers, à la Trilatérale, au Concil on Foreign Relation (CFR), au forum de Davos mais jamais à la Pilgrim’s Society dont le blason rappelle, par la formule latine Hic et Ubique, que cette société se prétend ici et partout[3].
À 69 ans, les beaux jours de Peter Sutherland apparaissent comme une douce utopie : jonglant actuellement entre les postes de président de l’European Policy Center, de membre du comité de direction du groupe Bilderberg, de directeur non exécutif de la Royal Bank of Scotland et celui de président de Goldman Sachs, poste qu’il occupe depuis 20 ans. Il est également président de la London School of Economics, fondée par la Fabian Society (voir l’article « De l’utilitarisme au Traité Transatlantique », lettre AIL n°2[4]) et représentant spécial de l’ONU pour les migrations et le développement.
Lors de son discours devant une commission parlementaire de la Chambre des Lords en 2012, Peter Sutherland, déclara, à propos de l’immigration : [Il s’agit d’une] « dynamique cruciale pour la croissance économique (…) » ce qui constitue « l’argument clé en faveur du développement de sociétés multiculturelles (…) Les états doivent être plus ouverts, tout comme le Royaume-Uni l’a démontré. (…) Les États-Unis ou l’Australie et la Nouvelle-Zélande sont des sociétés de migrants, ils peuvent donc accueillir plus facilement des populations différentes d’elles-mêmes ». Il appelle donc l’Union Européenne à se baser sur l’exemple des pays anglo-saxons et de « faire de son mieux » afin de « détruire l’homogénéité interne des nations européennes ».
Avant de parfaire son discours, les 3 et 4 octobre 2013, au cours d’une Assemblée générale des Nations Unies, le rapport de cette conférence relève qu’il s’est félicité « de la tolérance accrue constatée dans certains pays, en particulier en Allemagne, à l’égard des migrants. Ces derniers sont désormais reconnus comme des agents économiques dont les pays d’accueil ont besoin (…) M. Sutherland a vigoureusement plaidé pour faciliter les flux migratoires, par le biais de politiques en matière d’octroi de visas plus souples ».
Toute la crème des mondialistes français, à l’image d’Attali, de BHL, de Hollande ou de notre très perméable ex futur président Sarkozy nous invitent, dans des termes plus crus, aux mêmes défis[5]. Ces messieurs semblent oublier que le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. Ces grands chantres de la liberté ignorent sans doute que la plus fondamentale est celle d’aimer qui on veut.
L’omnipotent Peter Sutherland accepta de professer dans plusieurs universités puisqu’on le retrouve, encore aujourd’hui, en tant que professeur invité au collège universitaire de Dublin ainsi qu’au centre d’études des politiques européennes à Bruxelles. De plus, Sutherland est docteur honoris causa de la Nationale University of Ireland, de la St Louis University, de la Dublin City University et enfin de la Cross University du Massachusetts. Comble de bénédiction, il a le titre retentissant de Conseiller de l’Administration du Patrimoine du Siège apostolique. En fait, il a été missionné pour nettoyer les écuries d’Augias après le scandale financier qui a éclaboussé le Vatican et certainement provoqué la démission du pape Benoît XVI. On se souvient de l’épisode du gel des comptes du Vatican par les banques américaines via le système SWIFT. Cet ancien élève jésuite avait le profil idéal pour s’entendre avec les cardinaux quand on sait que tous ceux nommés par Jean-Paul II faisaient partis de l’Opus Dei[6], que le pape actuel, François, est lui-même jésuite et accessoirement grand ami du B’nai Brith[7]. Son altruisme a toujours été récompensé, comme en 1999 où il reçut 125 millions de Livres Sterling, qu’il a « gagné » chez Goldman Sachs, de quoi bien remplir ses “vieux jours”[8].
Le grand œuvre selon Peter Sutherland
Laissons l’intéressé s’exprimer et nous dévoiler lui-même ses plus intimes convictions :
“Je demanderai aux gouvernements de coopérer, de reconnaître que la souveraineté est une illusion, que la souveraineté est une illusion absolue que nous devons mettre derrière nous. Les jours où nous nous cachions derrière des frontières et des barrières a disparu depuis longtemps.”[9]
Compte tenu de son CV et de ses déclarations, Peter Sutherland est depuis plus de trente ans un acteur incontournable de la ploutocratie mondiale, imposant une marche forcée vers la globalisation au moyen d’une politique migratoire associée à une logique de libre-échange, où l’ensemble des ressources de la planète serait mis à la disposition du bon vouloir des caprices des grandes multinationales (elles-mêmes pilotées par des êtres économiques). Il se fait la voix et la voie des États et des institutions supranationales : ultralibéralisme, destructions des souverainismes au nom du sacro-saint marché commun planétaire, pro immigration bien plus par un souci d’ajustement économique que par humanitariste ou philanthropie, sont les maîtres mots qui nous permettent de cerner les visées de son œuvre et de celles de ses semblables, à l’instar des Jacques Attali et autres consorts. Leur idéologie est aujourd’hui principalement dominée par la mise en place de guerres, de révolutions colorées, de famines organisées[10] provoquant les crises et les vagues migratoires du tiers-monde vers l’Occident comme nouvelle armée industrielle de réserve, bien moins chère et bien moins exigeante en terme de droits sociaux que leurs semblables européens. Cette plèbe se contente de ce qu’Aldous Huxley définissait déjà comme un minima si facile à atteindre : « La dictature parfaite serait une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader, un système d’esclavage où, grâce à la consommation et au divertissement, Les esclaves auraient l’amour de leur servitude. »
Lisandro Dias & Denissto
Cet article est tiré de la lettre d’analyses et d’informations libre n°9 (janvier 2016) que vous pouvez vous procurer sur la boutique de l’Agence Info Libre au prix de 7 € (+ tous les idopp du mois de janvier 2016).
[2] http://www.agenceinfolibre.fr/wp-content/uploads/2015/03/Lettre-danalyses-et-dinformations-libre-N11.pdf
[4] http://www.agenceinfolibre.fr/wp-content/uploads/2015/04/Lettre-danalyses-et-dinformations-libre-N2.pdf
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