Par Ivan Valerio Publié le 02/11/2014 à 17:19
Pour Marine Le Pen, la théorie du «grand remplacement» relève du «complotisme»
LE SCAN POLITIQUE - Souvent employé par son camp, le concept de «grand remplacement» ne plaît pas à Marine Le Pen. «Je pense de manière plus pragmatique», explique-t-elle au JDD.
Théorisée par Renaud Camus, l'idée d'un «grand remplacement» fait parfois fantasmer au Front national. Dans le Journal du dimanche, Marine Le Pen s'en démarque. «Le concept de grand remplacement suppose un plan établi. Je ne participe pas de cette vision complotiste», dit la patronne du FN. «Je pense de manière plus pragmatique que l'immigration est utilisée depuis trente ans par les grands milieux financiers pour peser à la baisse sur les salaires, avec une grande efficacité si j'en crois les derniers chiffres», poursuit-elle.
En 2010, Renaud Camus définit son concept de «grand remplacement dans l'Abécédaire de L'In-nocence, avant de lui dédier un ouvrage en 2013, titré Non au changement de peuple et de civilisation. Le principe? L'idée que, l'immigration aidant, des populations aujourd'hui minoritaires deviendraient majoritaires en France.
Si Marine Le Pen prend ses distances avec ce concept, ça n'est pas le cas de son père, Jean-Marie Le Pen, qui s'est rallié à cette ligne en mai dernier lors d'un discours à Marseille. «Cette immigration massive risque de produire un véritable remplacement des populations», a prédit l'ancien patron du FN. Avec lui, Julien Rochedy, ancien président du FNJ croit aussi à cette théorie et l'utilise dans les communiqués officiels du Front national.
Son chef de cabinet affiche également une ligne différente et y voit un «phénomène démographique».
Philippe Martel
@PhMartel
Non,Aymeric #Caron ,le grand remplacement n'est pas une théorie,c'est un phénomène démographique.
En octobre, Marine Le Pen avait déjà été interrogée sur la question, par France Inter. A l'époque, elle avait plutôt contourné la réponse. «La réalité c'est que notre pays vit une immigration massive. A partir du moment où on met en place le multiculturalisme, on ne permet pas à deux sociétés de vivre. On prend le risque de la confrontation des cultures», considérait l'eurodéputée. «Les sociétés multiculturelles sont des sociétés multiconflictuelles, toute l'histoire nous le dit. La culture de la France est la culture de la France et il faut s'y fondre. Il faut éradiquer de notre territoire l'Islam politique», poursuivait-elle.
Sur le fond, une étude de l'Insee publiée en octobre 2012 décompte 5,3 millions de personnes «nées étrangères», soit 8 % de la population. Dont 1,8 million viennent de l'Union européenne. A France Info, Christophe Dumont, chef de la division des migrations internationales à l'OCDE, rappelle qu'il y a eu dans les années 60-70, une forte immigration de travail. «Mais en terme de flux récents d'immigration, on est parmi les pays occidentaux où les niveaux sont les plus bas», analyse-t-il. Moins de 250.000 entrées permanentes en 2012, dont 100.000 Européens.
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