vendredi 5 avril 2019

Aymeric Chauprade: «Pourquoi je quitte le Front national» (09.11.2015)

Par  Emmanuel Galiero   Mis à jour le 10/11/2015 à 10:55  Publié le 09/11/2015 à 18:51

INTERVIEW - Le député européen, ancien conseiller international de la présidente du FN, rompt avec Marine Le Pen en dénonçant l'influence de Florian Philippot. Il plaide le retour de Philippe de Villiers dans un parti recomposé à droite.


Pourquoi quittez-vous le Front national?

C'est une décision aussi forte que mûrie. Au moment où le parti est en pleine ascension, où de nombreux opportunistes y cherchent des places, les Français sont en droit de se demander pourquoi j'en sors. Je le quitte à cause de deux trahisons essentielles dont Marine Le Pen s'est rendue coupable. La première est d'avoir dessaisi de toutes ses responsabilités, en janvier dernier, l'un de ses principaux collaborateurs. J'ai été son conseiller international, son chef de délégation et le président de la fondation du parti politique européen au Parlement européen. J'ai été dessaisi sous un faux prétexte : une vidéo dans laquelle je traitais du défi islamique, et dont le contenu a été repris, comble de l'ironie, par l'aile droite de Républicains, par Nadine Morano et Christian Estrosi. Mais il y a une deuxième trahison, beaucoup plus grave, qui ne me concerne pas.










































































Laquelle?

Quels que soient les torts et les excès du fondateur du Front national, peut-on pousser comme cela, dans l'escalier, un homme de 87 ans auquel on doit tout? Et qui disait déjà exactement la même chose quand Marine Le Pen en avait encore besoin! Comment ne pas penser que ceux qui trahissent à la fois leurs proches et ceux auxquels ils doivent tout, ne trahiront pas un jour le peuple lui-même? Sous la pression de Florian Philippot, Marine a décidé de se débarrasser de Jean-Marie Le Pen. C'est une faute morale grave car on ne peut pas prétendre incarner le parti des valeurs et des fondamentaux quand on brise soi-même un certain nombre de lois. Ce n'est pas une loi politique, c'est presque une loi de civilisation. Il y avait d'autres solutions pour Jean-Marie Le Pen.

Considérez-vous, comme Jean-Marie Le Pen, que Marine Le Pen est sous influence?

Elle s'est laissé piéger dans un chantage avec Philippot. Il lui a expliqué, dès le début, qu'il était la dédiabolisation en personne. Et celle logique dans laquelle elle s'est laissé enfermer est devenue un chantage quasi-quotidien. Elle a finalement accepté de perdre sa liberté et de fonctionner dans ce pouvoir bicéphale. Evidemment, cela nous amène à des divergences idéologiques.

Quand Marine Le Pen explique que le FN ne renonce pas au libéralisme mais que le contexte économique et social du pays aujourd'hui, ne permet pas certaines options qu'elle juge dangereuses, rejetez-vous l'argument?

Je le crois faux parce qu'en réalité, elle récolte les voix des gens désespérés. Son projet n'est pas fondé sur les forces vives de l'économie. Pour redresser le pays, il va falloir s'interroger sur le fait que près de 60% de notre économie c'est de la dépense publique, que l'Etat providence est en crise et qu'il est temps de créer de la croissance et de l'emploi en adaptant notre pays à tous les défis auxquels nous sommes confrontés, du droit du travail aux retraites en passant par la révolution digitale où la France et l'Europe ne comptent que pour 10% de l'industrie mondiale des technologies de l'information.

La prise de distance de Marine Le Pen avec l'affaire «Air Cocaïne» dans laquelle vous avez activement participé à l'exfiltration de deux pilotes français, a-t-elle pesé dans votre décision?

Bien sûr, cette affaire est un élément déclencheur. Pour Florian Philippot et Marine Le Pen, le risque d'image est plus important que l'engagement pour des valeurs comme la solidarité vis-à-vis de compatriotes confrontés à un vrai déni de justice. Il est plus important que l'engagement par les actes qui va au-delà des mots. Dieu sait pourtant si dans notre société, on reproche souvent aux politiques de n'être que dans les mots. Moi, je suis allé plus loin et j'en suis fier.

Appelez-vous Philippe de Villiers à reprendre le leadership d'un mouvement?

Il n'est un secret pour personne que je souhaite profondément le retour sur la scène politique de Philippe de Villiers, qui est un ami et un père politique. Je souhaite vivement qu'il revienne d'ici la présidentielle de 2017. J'ai lu son livre. Ce qu'il dit apporte beaucoup, il y a une verticalité dans son projet, une vraie vision. D'autres personnalités comme celles de Nicolas Dupont-Aignan, Henri Guaino, Robert Ménard ou Nadine Morano doivent participer à la recomposition à droite. L'avenir se reconstruira avec des gens qui ne lâchent rien, qui ont des convictions fortes, qui agissent.

Cette «grande droite» aura-t-elle le temps de se construire d'ici 2017?

Oui, parce que les contradictions et la stérilité du programme de Florian Philippot seront de plus en plus évidents même si le désespoir des Français est grand. La montée du FN correspond à une France qui n'en peut plus des bilans catastrophiques du PS et des Républicains, de la crise migratoire et de l'effondrement industriel de la France. Au FN, il y a une sorte de déni de la mondialisation. Il ne sert à rien de nier un fait. Il faut adapter la France en défendant ses valeurs face à deux défis : les partisans de l'Argent-roi qui réduisent la personne à un individu-consommateur, détruisent les familles et les identités, et les partisans, de plus en plus nombreux, de la loi islamique, à la place de la loi de la République. Ces derniers ont avec eux la loi de la démographie et l'angélisme de nombreux européens.

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Marine Le Pen désavoue Aymeric Chauprade après ses propos sur les musulmans
Par  Marc de Boni  Emmanuel Galiero   Mis à jour le 19/01/2015 à 17:28  Publié le 19/01/2015 à 11:27
Marine Le Pen désavoue Aymeric Chauprade après ses propos sur les musulmans

LE SCAN POLITIQUE/VIDÉO - Marine Le Pen a rejeté en bloc ce lundi la théorie du «choc des civilisations», développée par l'eurodéputé dans une vidéo, et a annoncé qu'il ne serait plus conseiller spécial aux affaires internationales.

Il reste membre de la direction du FN, mais il n'est plus en odeur de sainteté dans l'entourage de la présidente. Invitée de France Inter, Marine Le Pen a pris ses distances avec l'eurodéputé FN Aymeric Chauprade, qui était jusqu'alors son conseiller aux affaires internationales. En cause, la publication d'une vidéo intitulée «La France est en guerre» dans laquelle ce spécialiste de géopolitique décrit la guerre qui oppose les cultures occidentales et musulmanes et compare la montée du fondamentalisme à celle du nazisme dans les années 1930.

Publiée le 15 janvier dernier (8 jours après l'attentat de Charlie Hebdo), cette vidéo reprend la rhétorique du choc des civilisations et dépeint le développement d'une «5e colonne» qui menacerait la société française. «La France est en guerre avec des musulmans. Elle n'est pas en guerre contre les musulmans, mais avec des musulmans (…) L'argument du fait minoritaire ne tient pas. L'idéologie ressassée du “pas d'amalgames” est non seulement fausse mais elle est dangereuse (…) Une 5e colonne puissante vit chez nous et peut se retourner à tout moment contre nous en cas de confrontation générale (…) On nous dit qu'une majorité de musulmans est pacifique, certes. Mais une majorité d'Allemands l'étaient avant 1933 et le national-socialisme», affirme Aymeric Chauprade dans ce document, publié une semaine à peine après les attentats terroristes qui ont visé la rédaction de Charlie Hebdo.

Marine Le Pen veut éviter le «choc des civilisations»
Des thèses que rejette sans détour Marine Le Pen. «Aymeric Chauprade a fait une vidéo qui est une prise de position personnelle» et «n'engage que lui», a-t-elle expliqué surFrance Inter lundi. Profitant d'une réorganisation du parti (lire ci-dessous), la présidente frontiste a annoncé qu'Aymeric Chauprade n'était plus son conseiller «depuis un certain nombre de jours». «La responsabilité d'un mouvement politique, c'est d'éviter précisément l'engrenage du choc des civilisations. Il faut l'éviter, il est très facile de se soumettre à cette logique, et je la trouve terrible», tranche la présidente du FN.

Après la polémique, Marine Le Pen n'a plus de conseiller aux affaires internationales
Aymeric Chauprade, conseiller de la présidente du Front national, avait déclaré dans une vidéo que la France était «en guerre contre des musulmans». Embarrassée, Marine Le Pen a déclaré au micro de France Inter qu'il n'était plus son conseiller.

Marine Le Pen a par ailleurs détaillé une position antagoniste à celle d'Aymeric Chauprade dans une tribune publiée ce lundi par le New York Times . «Les musulmans eux-mêmes ont besoin d'entendre ce message. Ils ont besoin que l'on fasse clairement la distinction entre le terrorisme islamiste et leur foi. Or cette distinction ne peut se faire que si l'on accepte d'identifier la menace. Ce n'est pas servir nos compatriotes musulmans que d'entretenir les suspicions et les non-dits. Le terrorisme islamiste est le cancer de l'islam contre lequel ils doivent eux-mêmes lutter à nos côtés», écrit-elle.

Vendredi, le Lab révélait l'existence d'un courrier interne au FN, adressé par Marine le Pen aux secrétaires départementaux et chargés de mission départementaux du Front National. Elle y demandait de ne pas relayer la vidéo d'Aymeric Chauprade, officiellement pour «des raisons juridiques». En conférence de presse le même jour, Marine Le Pen avait pris une première fois ses distances avec l'analyse de son conseiller.

Entre la présidente du parti et l'eurodéputé, la tension était vive depuis un moment comme l'a illustré dimanche 18 janvier, le Supplément de Canal +. Aymeric Chauprade était en effet de ceux qui s'étaient alarmés du développement d'un «lobby gay» au sein du Front national, au moment de l'arrivée de Sébastien Chenu, fondateur de Gaylib, dans l'organigramme du parti en décembre dernier. 

La fin du règne des conseillers au Front national

Le Front national supprime le titre de «conseiller de la présidence». L'objectif de cette évolution, qui avait été évoquée durant le XVe congrès à Lyon, est d'inviter toutes les personnes susceptibles de mettre leurs compétences au service du parti à rejoindre les commissions d'actions programmatiques (CAP). Ces commissions, qui existaient déjà au sein du front, sont des sources de réflexion pour la présidence auxquelles s'ajoutent désormais les travaux des collectifs qui demeurent externes au mouvement, dans le cadre du Rassemblement Bleu Marine (RBM). Ces CAP sont coordonnées aujourd'hui par Joëlle Mélin, ex-responsable de la commission santé. Au-delà de la volonté d'encourager le travail en équipe, la suppression des conseillers est aussi un moyen pour Marine Le Pen, d'éviter que des personnalités du FN utilisent l'étiquette de conseiller pour cautionner certaines prises de paroles individuelles et autonomes, comme celles d'Aymeric Chauprade. L'eurodéputé s'est affranchi plusieurs fois de règles dont la présidente exige pourtant le respect.

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«Air Cocaïne» : Chauprade a «participé mentalement» et dans «son cœur» à l'évasion
Par   Journaliste Figaro Tristan Quinault-Maupoil   Journaliste Figaro Le Scan Politique   Mis à jour le 27/10/2015 à 18:59  Publié le 27/10/2015 à 11:34
«Air Cocaïne» : Chauprade a «participé mentalement» et dans «son cœur» à l'évasion

LE SCAN POLITIQUE - L'élu frontiste «se réjouit» de l'évasion des deux pilotes français condamnés en République dominicaine pour un présumé trafic de cocaïne. Son implication n'est pas à exclure.

Un eurodéputé du Front national est-il impliqué dans l'évasion romanesque de deux pilotes français condamnés en République dominicaine pour une éventuelle participation à un trafic de cocaïne? Mardi, Aymeric Chauprade s'est félicité sur RTL du retour en France des deux hommes: «Je me réjouis du fait qu'ils aient retrouvé leurs familles et leur liberté».

Au-delà de l'originalité de voir un responsable politique encourager l'ingérence dans la justice d'un autre pays, c'est le rôle joué par l'eurodéputé qui interroge. Celui-ci aurait pu avoir un rôle clé dans le dispositif mis en place. En partageant sur son compte Twitter un article de BFMTV.com, Aymeric Chauprade semble reconnaître avoir été «au plus près» de l'opération d'exfiltration. «Je ne répondrai pas à ça (...) Je ne commenterai pas les différentes versions qui ont été données», a-t-il cependant éludé sur RTL. Pas de confirmation formelle mais pas non plus de démenti. Contacté par Le Scan, Aymeric Chauprade n'était pas joignable mardi matin.

Plusieurs éléments connus convergent pour attester d'une implication du député européen. Toujours sur Twitter, l'eurodéputé a posté une photo le 21 octobre dernier relatant une rencontre avec les deux pilotes dans leur hôtel de Saint Domingue. Condamnés à 20 ans de prison, ils n'étaient alors pas incarcérés en attendant l'examen de l'appel par la justice dominicaine. Comme l'annonçait lundi soir Le Figaro, Aymeric Chauprade est la dernière personne a avoir rencontré les deux pilotes sur le sol dominicain. «Il est dans le comité de soutien à titre personnel. Je ne le connais pas plus que ça», a balayé un des pilotes lors d'une conférence de presse organisée mardi dans le cabinet de son avocat.

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Aymeric Chauprade
@a_chauprade
 Avec nos pilotes français innocents, ce lundi à #SaintDomingue. Volonté sans faille de s'en sortir. 

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17:48 - 21 oct. 2015
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Une facture au nom de Chauprade
Selon BFMTV, Pascal Fauret et Bruno Odos auraient prétexté une sortie touristique en mer pour quitter le pays. Avec un ancien marine, ils auraient ensuite pris place dans une embarcation de plaisance pour rejoindre un second bateau, plus au large, afin de rejoindre Saint Martin, aux Antilles, puis la Martinique cette fois-ci à bord d'un avion. Fait troublant, Valeurs Actuelles publie une facture de location d'un l'hélicoptère au nom de l'eurodéputé frontiste qui aurait pu servir lors de l'évasion des Français, sans toutefois que l'utilisation effective de l'appareil soit avérée. «Il est possible que le député européen proche de Marine Le Pen, qui a été enseignant à l'Ecole de Guerre pendant 10 ans et qui est officier de réserve dans la Marine Nationale, ait sollicité des “amis” qu'il a côtoyés dans les différentes promotions qu'il a formées», écrivent nos confrères.

Le président de la République dominicaine et Aymeric Chauprade, en 2009
S'il est connu pour ses liens avec la Russie, Aymeric Chauprade a aussi travaillé comme conseiller du président de la République dominicaine, Leonel Fernandez, entre 2009 et 2012. Sur son site Internet, ce géopolitologue de formation publie une photo au côté du chef de l'État. Ce dernier a quitté le pouvoir en août 2012, époque à laquelle Aymeric Chauprade s'est lui-même lancé dans une carrière politique en France.

Contacté, le Front national n'a pas voulu commenter l'implication de son élu.

Deux autres élus, le député LR Christian Kert et le député divers gauche Jean-Pierre Maggi, s'étaient rendus récemment en République dominicaine pour rencontrer les pilotes. Interrogé par LCP, Christian Kert a désapprouvé l'exfiltration. Aymeric Chauprade aurait simplement dû «insister auprès des autorités françaises pour que la justice soit rendue de façon équitable en République dominicaine», a-t-il déclaré.

Chauprade juge avoir été «dans son rôle»
Ce mardi soir sur BFM TV, Aymeric Chauprade à quelque peu précisé son implication dans l'opération, sans toutefois reconnaître y avoir directement pris part. «J'ai participé mentalement et dans mon cœur à cette évasion», affirme-t-il. «Mon rôle d'élu des Français de l'étranger était de venir en aide à nos ressortissants en difficulté», a expliqué le député européen. Avant de marteler: «Mon rôle politique ce n'est pas d'aller délivrer ou aider à la libération des pilotes, mon rôle est de les soutenir politiquement. Et de faire comprendre aux français pourquoi il n'y avait pas d'autre solution que de les faire revenir sur le territoire».

L'ex-conseiller spécial de Marine Le Pen juge à ce titre que «le quai d'Orsay a péché beaucoup par son absence». «Je ne crois pas à l'implication de l'État Français dans cette affaire», affirme le spécialiste de géopolitique, qui s'interroge: «depuis trois ans où était l'ambassade de France?». Selon lui, ce seraient d'anciens collègues des pilotes, anciens militaires, qui auraient mené l'opération. «Ce sont un certain nombre d'amis des pilotes qui ont organisé cela. Je sais que les pilotes avaient de brillants états de service militaires, ce qui n'a pas beaucoup motivé le gouvernement a les sortir de là», regrette l'élu FN.

Il s'est par ailleurs expliqué sur la facture de location d'un hélicoptère en République Dominicaine, dévoilée par Valeurs Actuelles. «J'ai pris une option pour louer un hélicoptère effectivement. En République Dominicaine, on utilise beaucoup d'hélicoptères, ça n'a rien de très étrange», se défend l'élu, qui revendique avoir employé «des moyens aériens personnels». «Que je sache, ces pilotes n'ont pas voyagé dans l'hélicoptère», assure-t-il, tout en refusant de commenter plus en détails «le mode opératoire» de l'évasion.

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