Des associations
antiracistes espèrent faire interdire l'exposition consacrée au pharaon
Par Anne-Sophie Chazaud - 15
avril 2019
Des ligues de défense noire,
dites associations « antiracistes », ont demandé l’interdiction de
l’exposition « Toutânkhamon » à Paris. Elle dissimulerait le fait que
le célèbre pharaon de l’Egypte antique était en fait Noir, et non pas plus ou moins
Blanc…
Il est difficile de savoir ce
qui, dans les délires racialisés en vogue et importés par la culture de masse
américaine l’emporte, du grotesque, de la bêtise, de la dangerosité, à moins
que tous ces facteurs soient parfaitement compatibles et complémentaires. Plus
une semaine désormais ne s’écoule sans que ces ligues et associations de
défense noire ou autres officines obsédées de la race ne fassent parler d’elles
en visant telle ou telle manifestation culturelle et intellectuelle.
Blanc sur Noir et Noir sur
Blanc
Après les Suppliantes d’Eschyle dont le
patafoin antiraciste aurait pu inspirer à son antique auteur une satire du
meilleur cru, c’est au tour de Toutânkhamon d’être voué aux gémonies. Entendez
par là, le Toutânkhamon tel que le représente la
remarquable exposition organisée à la Grande Halle de La Villette. Le
motif du délire, cette fois-ci ? Toutânkhamon, ainsi que toutes les
dynasties égyptiennes, auraient en réalité été noirs de peau, et l’égyptologie
s’est évertuée depuis des siècles, par son racisme atavique, à en dissimuler
toutes les preuves.
Dans le psychodrame d’Eschyle à
la Sorbonne, notons que c’était la jérémiade inverse, puisqu’il faut bien
toujours pleurnicher pour quelque chose : on avait osé revêtir certains
acteurs de masques noirs et cela n’était pas supportable car considéré comme dégradant.
Ici, au contraire, on accuse des siècles d’historiographie, dans la branche
historique qui a probablement attiré et fasciné le plus grand nombre de
chercheurs et de scientifiques du monde entier, de faire l’inverse, de
dissimuler les traces de « noiritude » (nous nous refusons à employer
pour ces psychoses obsessionnelles antiracistes le beau mot de
« négritude » de Léopold Sedar-Senghar qui n’avait probablement pas
concentré toute sa culture et son intelligence pour la mettre au service
d’incultes agités du bocal).
Pharaon, vous êtes juif ?
Une des preuves de ces
malversations racistes dont l’Occident a le secret ? Le nez du Sphinx a
été cassé délibérément afin de dissimuler qu’il était épaté. Epatant,
non ? Un bon coup de burin dans la truffe et voici notre sphinx noir
transformé en énigmatique figure gréco-oedipienne reniant ses antécédents
nubiens. Ni vu ni connu, je t’embrouille, je te blanchis ton sphinx. Voici donc
des armadas de scientifiques blancs armés de marteaux pilons et de polisseuses
(ça tombe bien, il y a plein de sable alentour pour se livrer à cette basse
besogne), qui auraient pullulé soudain dans l’Egypte ancienne pour enlever à
tour de main des nez épatés, sur les statues, sur les momies, partout, tout le
temps, et d’ailleurs, à bien y réfléchir, la phrase célèbre de
Pascal : « Si le nez de Cleopâtre eût été plus court,
la face du monde aurait changé », trouve probablement ici son
explication : c’était un nez africain et l’homme blanc a volé cette
histoire en lui rallongeant l’appendice nasal comme à Pinocchio. Encore un coup
de l’appropriation culturelle. L’histoire ne dit pas si les bandelettes
entourant les momies étaient noires ou blanches (auquel cas Rokhaya Diallo dans
une de se vies antérieures, après avoir été tour à tour peut-être un chat, un
scarabée, une épouse de pharaon puis un scribe non binaire, aurait requis de
toute façon des sparadraps marrons pour procéder aux embaumement)…
Ces théories délirantes circulent
sur les réseaux sociaux, trouvent une certaine audience auprès de jeunes
facilement manipulables et paresseusement attirés par toute forme de complainte
victimaire (c’est toujours moins fatiguant que de s’installer à un bureau,
d’ouvrir des livres, et de travailler).
Des théories toujours plus
exposées
Comme l’indique l’égyptologue
Bénédicte Lhoyer, interrogée par Le Point, il est courant désormais d’être
interpellée en cours au nom des théories abracadabrantesques d’un certain
Cheikh Anta Diop (qui du reste et sans que cela ne nous semble bien étonnant
s’était opposé à Léopold Sédar Senghor, pardi) et qui avait échafaudé toute une
théorie sur l’Egypte pharaonique noire et, plus globalement, sur
l’africanocentrisme (où il se confirme décidément que tout forme de centrisme
est une abomination intellectuelle…).
Alors que toutes les recherches
dignes de ce nom vont à l’encontre de ces élucubrations, tests génétiques
approfondis, recherches ethno-linguistiques, connaissances pluridisciplinaires
de toutes les catégories possibles, et alors qu’il a été clairement démontré
que l’Egypte était un « couloir » plutôt de sang mêlé et que
Toutankhamon était roux et de peau blanche (d’un style que certains qualifient
de plutôt berbère), non, les antiracistes de pacotille ne veulent pas en
démordre (ce qui, attention, est une expression du langage courant et ne
signifie nullement que nous les soupçonnions d’anthropophagie).
Ils agitent des banderoles devant
l’exposition, appellent à son interdiction.
Notons au passage, ce qui n’a
rien d’anecdotique, que ce sont ces officines antiracistes qui produisent
actuellement les tentatives de pressions et de censures les plus violentes sur
le monde de la culture et de la réflexion scientifique si l’on met bien sûr
momentanément de côté la pression islamiste aux effets désastreux sur la
liberté d’expression et notamment en termes d’autocensure par crainte du
meurtre.
« Européens and
family, votre génome est : criminel, hypocrite, menteur »
Les antiracistes eux sont encore
un petit cran (si l’on ose dire) au-dessous en termes d’intimidation, mais le
fond de commerce est le même : ramener toute forme de présentation
intellectuelle, culturelle, artistique à des obsessions monomaniaques de races
et de religion.
Dans le cas de ces
pseudo-dynasties pharaoniques africaines (en réalité, il a été démontré qu’il a
existé un seul règne pharaonique noir venu du Soudan, la XXVe dynastie
dite Kouchite, illico remplacée par la suivante, non noire, lorsque les
Egyptiens ont repris le contrôle de leur civilisation), ce qu’il s’agit de
démontrer, c’est un afrocentrisme aussi originel que fantasmagorique – comme
l’est d’ailleurs tout fantasme racial de pureté originelle, qu’il soit aryen ou
africain -, et qui aurait été l’inventeur de toutes choses : architecture,
philosophie, science, art, tout en fait, et que toutes ces choses
merveilleusement ingénieuses auraient ensuite été purement et simplement volées
par les Grecs (voilà qui fera au moins plaisir au FMI) puis donc par
l’Occident. Ce qui permet aisément de déduire que l’Occident est le fruit d’un
vol originel, d’un péché qui le caractérise ontologiquement. Sa nature même
relèverait de la supercherie et de l’usurpation.
La banderole déployée par les
agités du bocal devant la Grande Halle de La Villette est du reste à la fois
explicite et pleine de finesse (accrochez-vous au pinceau, là on enlève
l’échelle !) : « Européens and family, votre génome
est : criminel, hypocrite, menteur ».Voici donc des gens qui, pour
avoir lu quelques informations fantaisistes telles qu’il en pullule sur les
réseaux sociaux, n’hésitent pas à produire un raisonnement du pire type nazi, à
savoir tenter fantasmagoriquement de réduire des personnes à leur génome, puis
d’induire de ce génome des caractéristiques morales (forcément dénigrantes, si
l’on ose dire…).
Nous voici donc, avec nos
cohortes de chercheurs, de scientifiques, d’historiens, de penseurs, réduits à
n’être, pauvres hères voleurs menteurs et congénitalement hypocrites et pillards,
qu’à la repentance généralisée, mais aussi contraints à faire le réexamen de
toute notre civilisation, puisque celle-ci semble être le fruit d’un vol.
Qui a inventé (vraiment) l’eau
chaude ?
Il n’est pas loin le moment où
l’on va venir s’insurger que ce sont les civilisations africaines du
Néolithique qui ont les premières marché sur la Lune, inventé la machine de
Turing (probablement directement importée de quelque boulier mauritanien),
configuré le premier coquetier électrique et aussi le vaccin contre la rage ou
le scotch double face sans oublier la locomotive à vapeur et les mathématiques
non-euclidiennes (puisque les mathématiques euclidiennes, grecques donc,
étaient déjà le fruit d’un vol, comme on l’aura compris).
Tout ceci serait drôle si cela ne
trouvait pas un écho pathétique et inquiétant auprès d’une frange de repentants
occidentaux dans le monde étudiant avec quelques solides relais idéologiques
dans le corps enseignant, qui semblent n’avoir pas grand chose d’autre à faire
et surtout pas d’études sérieuses à mener, manifestement.
Le complotisme a bon dos
Beaucoup d’articles de presse
relayant cette nouvelle farce du monde antiraciste ont titré sur les dégâts du
« complotisme ». Nous ne partageons pas cette lecture et cette
interprétation réductrice. Si, certes, les réseaux sociaux et la méfiance
envers les savoirs institués permettent et amplifient ces phénomènes, les
théories sur l’africanocentrisme et les dynasties pharaoniques noires remontent
à plusieurs décennies et ne trouvent d’écho dans une certaine opinion un peu
désaxée qu’à la faveur d’un parti pris idéologique largement promu par toute
une catégorie du gauchisme culturel volontiers dominant dans de nombreux
milieux liés à l’enseignement et à la culture et qui n’ont pas attendu les
réseaux sociaux pour s’en donner à cœur joie. Les camps d’été décoloniaux, les
attitudes inadmissibles de l’UNEF sur ces questions (dans l’affaire par exemple
des Suppliantes à la Sorbonne), les relais rencontrés par des
initiatives racistes aussi graves que contestables telles que celles du
syndicat Sud Education 93, l’oreille bienveillante portée aux théories
indigénistes et racialistes du Parti des Indigènes de la République (PIR) et
aux élucubrations d’une emblématique Rokhaya Diallo sont les plus solides soutiens à cette
immense régression de l’intelligence collective telle que cherchent à la
promouvoir ces piètres acteurs de la post-modernité décervelée.
Par chance, toutefois, ils sont
aussi bruyants que finalement peu nombreux, et il semblerait que le monde
universitaire, intellectuel et scientifique, longtemps idéologisé dans le sens
unique du sanglot de l’homme blanc, soit en train de se ressaisir, prenant
subitement conscience des dégâts commis par sa cécité, voire sa complicité, et
dont il se retrouve, Gros-jean comme devant, la première victime.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire